Aucun chiffre officiel ne vient graver dans le marbre le salaire des intermittents du spectacle en France. Le Smic horaire légal sert de garde-fou, mais son application dépend étroitement de la durée des cachets et des conventions collectives propres à chaque branche. Certaines disciplines disposent de grilles précises, d’autres laissent place à la négociation directe entre employeur et professionnel.
À la fin du mois, le montant versé fluctue selon la fréquence des contrats, le nombre d’heures déclarées et le type d’engagement signé. L’accès aux indemnités chômage et l’ouverture des droits sont également soumis à des règles pointues, différentes selon que l’on travaille sur scène ou en coulisse.
Plan de l'article
- Le statut d’intermittent du spectacle en France : fonctionnement et spécificités
- Quelles conditions pour accéder au régime et bénéficier d’une rémunération ?
- Salaire, cachet minimum et indemnités : ce que dit la réglementation
- Différences de rémunération selon les métiers et conventions collectives du spectacle
Le statut d’intermittent du spectacle en France : fonctionnement et spécificités
En France, le statut intermittent rythme la vie de milliers de professionnels du spectacle vivant, du cinéma et de l’audiovisuel. Ce régime, réputé atypique, repose sur un principe fondamental : permettre aux artistes et techniciens d’alterner périodes de travail et phases d’inactivité, fidèle miroir de la réalité du secteur. Le contrat à durée d’usage, ou CDDU, s’impose comme la norme, parfaitement adapté à des métiers marqués par la discontinuité.
Deux annexes encadrent ce statut : la 8 pour les ouvriers et techniciens du spectacle, la 10 pour les artistes. Ces textes posent les règles d’accès au régime intermittent du spectacle, précisant les droits sociaux associés. Pour décrocher l’assurance chômage, il faut totaliser 507 heures sur une période de douze mois, une exigence qui souligne la spécificité du système.
Chaque projet, chaque engagement, se traduit par un contrat de travail limité dans le temps, parfois réduit à une simple journée. La succession de ces contrats façonne la carrière et les revenus. Les modalités de rémunération, elles, sont dictées à la fois par le droit général et par les conventions collectives propres au spectacle vivant, cinéma, audiovisuel.
Ce régime garantit une protection sociale, mais exige une gestion administrative rigoureuse. Cachets, fiches de paie, déclarations à France Travail s’enchaînent, imposant une organisation sans faille. Loin d’être un passe-droit, le statut intermittent s’ajuste en permanence aux exigences du secteur et à la flexibilité de ses rythmes.
Quelles conditions pour accéder au régime et bénéficier d’une rémunération ?
Le régime intermittent ne s’ouvre pas à tous : l’accès est strictement balisé par des critères précis, pilotés par France Travail (ex-Pôle emploi). Le mot d’ordre : prouver une activité réelle et suivie, même dans un secteur où la stabilité est rare.
Le seuil d’entrée est fixé à 507 heures de travail sur une période de douze mois. Ce chiffre n’est pas anodin : il façonne le quotidien des artistes et des techniciens, conditionnant l’accès à l’allocation chômage. Chaque contrat, cachet ou heure, compte dans ce calcul.
Pour éclairer le fonctionnement, voici les fondamentaux à retenir :
- Les contrats à durée déterminée d’usage (CDDU) s’imposent, car leur souplesse colle à la réalité de missions temporaires.
- L’employeur déclare chaque mission, puis transmet les informations à France Travail pour validation des heures.
Une fois les conditions remplies, on accède à une allocation chômage spécifique. Son montant dépend du revenu moyen perçu sur la période de référence, selon les règles fixées par l’assurance chômage.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le régime intermittent impose un contrôle méticuleux des périodes d’activité, des justificatifs fournis et des renouvellements annuels. France Travail vérifie chaque dossier, traquant les erreurs et les abus. Le statut se confirme au fil du temps, contrat après contrat, heure après heure déclarée.
Salaire, cachet minimum et indemnités : ce que dit la réglementation
Le salaire intermittent du spectacle obéit à un cadre bien établi. Le cachet minimum intermittent constitue la base : il correspond au SMIC journalier, soit 11,65 € brut de l’heure en 2024, équivalant à 88 € brut pour huit heures de travail. Ce seuil s’applique à chaque représentation, répétition ou prestation déclarée, mais la convention collective du secteur peut prévoir une rémunération supérieure.
Quel que soit leur domaine, spectacle vivant, cinéma ou audiovisuel,, artistes et techniciens doivent être payés au minimum à ce tarif pour chaque contrat. Les contrats à durée déterminée d’usage (CDDU) restent le standard, car ils s’adaptent à la nature fragmentée de l’activité.
Deux points méritent d’être signalés :
- Le cachet journalier peut varier en fonction de la notoriété ou des compétences spécifiques exigées.
- Les heures supplémentaires, les prestations nocturnes ou le travail le dimanche font l’objet de majorations définies par la réglementation.
Le dispositif est complété par l’allocation chômage. Lorsqu’on a ouvert ses droits, l’allocation journalière se calcule sur le revenu moyen de la période de référence. En 2024, elle varie généralement entre 38 et 57 € brut par jour, selon la situation individuelle. La réglementation veille à ce que personne ne perçoive moins que le minimum légal, en assurant une couverture sociale adaptée à la réalité du métier.
Différences de rémunération selon les métiers et conventions collectives du spectacle
Le minimum de rémunération pour un intermittent dépend fortement de la profession exercée. La convention collective fait figure de référence. Un artiste musicien engagé pour une date ne percevra pas la même somme qu’un technicien lumière lors d’une captation audiovisuelle, ou qu’un professeur de musique dans un conservatoire. Chaque spécialité du spectacle, théâtre privé, production audiovisuelle, etc., applique sa propre grille de salaires conventionnels, régulièrement mise à jour.
Dans le spectacle vivant, les cachets minimaux dépassent souvent le plancher légal grâce à des accords de branche. Un musicien d’orchestre, par exemple, touche en 2024 un montant voisin de 140 € brut la journée selon les textes en vigueur, tandis qu’un technicien plateau démarre à environ 100 € brut, chiffre issu de la convention collective nationale des entreprises artistiques et culturelles.
Quelques exemples illustrent ces disparités :
- Les professeurs de musique disposent d’un minimum horaire propre, intégrant la préparation pédagogique à leur rémunération.
- Du côté de la production audiovisuelle, la convention collective de la production audiovisuelle distingue clairement entre techniciens, artistes et ouvriers spécialisés pour définir les salaires.
À cela s’ajoute la question fiscale. Les intermittents du spectacle profitent d’une déduction forfaitaire spécifique pour leurs frais professionnels, mais doivent rester attentifs à leur future retraite complémentaire, notamment via Audiens. Cette mosaïque de situations impose une surveillance constante des conventions et des usages de chaque secteur.
Le salaire intermittent n’est jamais une donnée figée. Il se façonne au gré des conventions, des métiers et des parcours. C’est aussi cela, la réalité du spectacle : une mosaïque de règles, de négociations et de trajectoires, toujours à réinventer.



